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dimanche 21 octobre 2012

I want more of whale oil !

     Il y a ici bas, une loi qui règne sur le marché du jeu vidéo : tout le monde doit pouvoir y jouer. Mets ça sur le dos du capitalisme si tu veux, mais une chose est sûre, c'est surtout pour remonter l'estime des jeux vidéo au sein de la société. Certes, il devient de plus en plus rare de voir des détracteurs sur ce multimédia, mais on se retrouve rapidement avec des jeux trop faciles, trop guidés et surtout pas finis (pour faire de la thune bien sûr). Et pourtant, certains studios résistent à l'envahisseur, c'est d'ailleurs cette résistance qui les rendra plus uniques, plus créatifs et meilleurs que leurs congénères. Sans cette mode ridicule de la facilité, nul doute que ces studios seraient une trentaine voire plus et tous plus banals les uns que les autres. Parmi eux, Arkane studios nous a proposé plus d'un jeux "à l'ancienne", bien que leur premier, Arx Fatalis, était encore dans l'âge d'or du jeu vidéo, en 2002.



Le masque de Corvo n'est pas là que pour cacher son visage.


Cette année, ils reviennent avec un aboutissement final de leurs idées, de leur vision du jeu vidéo. Dishonored prend place dans un monde "Steampunk-Victorien" où l'huile de baleine a au moins autant d'importance qu'une vie humaine. Corvo, garde du corps de l'Impératrice et de sa fille, se retrouve piégé par une personne pas si éloignée de votre entourage, vous rendant coupable du meurtre de la dame et de l'enlèvement de la fille. Grâce aux Loyalistes, la résistance contre l'état totalitaire régnant sur la ville de Dunwall, vous pourrez sortir de taule et trouver le coupable de tout ce chantier. A vous de juger si vous devez rendre justice ou bien prendre une revanche digne d'un des meilleurs soldats du pays. Vous avez le choix. Certes, ce genre de coutume se veut de plus en plus récurrente, mais contrairement à d'habitude, ce ne sont pas vos réponses qui changeront le déroulement mais bien votre façon de faire. Libre à vous de tuer tous les impurs que vous croiserez sur la route, votre honneur ne sera pas pour autant lavé intégralement auprès de ceux qui vous connaissent. L'entassement des corps provoquera aussi une grande invasion de la peste, maladie des bas fonds de Dunwall et amenant en même temps des rats plus féroces qu'un chien de garde.


Le Hound Pits, votre repère, est sûrement l'un des plus beaux endroits de Dunwall.

Si vous tenez à rester le plus discret possible, il faudra alors user de patience et de technique pour ne pas vous faire voir, n'endormir les gardes que lorsque c'est obligatoire et faire en sorte de cacher les gardes dans les bons endroits. Ce travail de titan vous demandera beaucoup d'efforts, qui seront allégé grâce à l'Outsider. Personnage religieux aux ambitions presque douteuses, ce dernier vous filera un coup de pouce en vous donnant ses pouvoirs, tels que la téléportation sur courte distance, l'arrêt du temps, la vision à travers les murs etc... Ces petits avantages vous seront d'une précieuse aide tout au long de l'aventure. Bien entendu, il ne sont pas gratuits, vous devrez ramasser des runes dans les niveaux pour débloquer de nouveaux pouvoirs et les améliorer. D'autres pouvoirs se cachent dans le monde de Dunwall grâce aux charmes d'os, sortes de petites amulettes aux pouvoirs minimes mais utiles comme le fait de pouvoir se déplacer plus rapidement en mode furtif, ou encore de récupérer de la mana en buvant de l'eau. Enfin, Piero, un de vos amis loyalistes, pourra vous fournir tout l'équipement dont vous avez besoin en échange de quelques piéces d'or.



En haut les pouvoirs actifs, en bas les passifs.
Chaque pouvoir possède un niveau 2.


Dishonored est avant tout un jeu d'infiltration, marchant sur les pas de Dark Project, Deus Ex ou encore Bioshock, le jeu essaye de prendre toutes les bonnes choses et les utilisent de la meilleure manière possible tout en proposant une expérience beaucoup moins dirigée, par rapport aux deux derniers cités du moins. Il existe dans chaque niveau au moins 4 chemins différents par objectif de mission, propulsant les chemins à 12 minimum pour faire chaque mission intégralement. Les niveaux ne sont pas immenses, mais ont la faculté d'être sur plusieurs étages. Les égouts, les toits, le deuxième étage, la rue ... Dans Dishonored, si vous choisissez d'aller à un endroit, vous pourrez y aller. Du coup, vous faites votre histoire à votre façon. J'ai eu l'occasion de refaire deux fois le jeu (d'où le temps que j'ai mis à écrire cet article) et en changeant ma façon de faire, en ne tuant pas les même personnes (voire en ne tuant personne) les choses changent. Les rues sont plus sûres, les gens autour de vous vous font confiance etc... Que de plaisir à parcourir une ville à notre image,  pleine de crasses ou de gardes.


Quelques affiches apparaîtront à la suite de vos assassinats.


Accompagné par son charme artistique fou, vous ne mettrez pas longtemps à succomber au désir d'en voir plus, chaque recoin de chaque zone, cet univer impitoyable formé autour d'un type d'ambiance sous exploité dans le milieu, alors qu'il regorge de ressource. Tout comme l'huile de baleine, l'univers de Dishonored brille à nos yeux, il peut même être instable à tel point qu'il devient fragile à la moindre de nos secousses, un pas de trop et c'est le drame. Pourtant on ne pourra s'empêcher de comprendre le comment du pourquoi, connaître les bases et les sources. Chaque bout de papier pouvant être lu, chaque parole d'un clodo du coin peut parfois vous en dire d'avantage sur ce que vous faites et pourquoi vous le faites. Votre but ultime sera, bien sûr, de retrouver le méchant et ramener la fille de la défunte Impératrice, Emily, digne héritière du trône, mais là encore, on titillera votre attention sur le régent actuel du pays et sa religion, le Superviseur, sorte de meneur de mouton d'une société qui se referme et s'emprisonne un peu trop sur elle même.


Voilà une image qui résume l'univers et l'ambiance de Dishonored.


Vous expliquer Dishonored sous toutes ses coutures relèverait de l'impossible et de l'inutile, en plus de vous spoiler intégralement le jeu. Des lignes ne vaudront jamais l'expérience de jeu manette (ou clavier/souris) en main. Mais vous l'aurez sûrement compris, je suis sous le charme. Pour faire simple, je ne m'étais pas autant amusé depuis Deus Ex 3. Avec un univers aussi solide, un gameplay aussi bien maîtrisé et une direction artistique à ne surtout pas lâcher, Arkane tient là l'un des probables jeux de l'année. Je serais tenté d'en demander plus, de vouloir un spin off, la fin ne se prêtant pas du tout à une suite, mais ce serait prendre le risque de tâcher un drap blanc. Si Arkane veut une suite, libre à eux, mais il devront aller lentement et ne pas prendre en compte ce qui les entoure, ça ne gâcherait que leur talent.

La fin d'une mission sera pour vous le moment de voir vos statistiques.
A en juger par le nombre de morts, je m'étais sûrement levé du pied gauche ce jour là.

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